The River Tour

(139 concerts)
 

Circuit

La première partie de la tournée eut lieu dans des palais des sports aux Etats-Unis, comportant 48 shows commençant le 3 octobre 1980 au Crisler Arena à Ann Arbor, Michigan et se poursuivant jusqu’à la toute fin d’année. Après une interruption de vacances de trois semaines, une deuxième partie a continué avec 26 spectacles début mars au Canada et aux États-Unis

La troisième partie de tournée, s’étendit d’avril jusqu'à à juin 1981 (raccourcie de trois semaines par rapport au calendrier initial, en raison de l'épuisement de Springsteen après les deux premières parties). Ce fut la première réelle incursion de Springsteen en Europe de l'ouest, et sa toute première apparition là bas depuis sa très courte et décevante aventure qui avait suivi la sortie de Born to Run en 1975. Au total 33 concerts ont été joués, y compris six nuits au Wembley arena de Londres. Onze pays ont été visités : L’Allemagne, la Suisse, la France, l'Espagne, la Belgique, la Hollande, le Danemark, la Suède, la Norvège, l'Angleterre, et l'Ecosse.

La partie finale a été présentée comme « la tournée du retour à la maison », visitant plusieurs soirées les villes des États-Unis qui avaient été marquantes dans la carrière de Springsteen, commençant par six soirs dans son New Jersey natal au Meadowlands Arena. Après 35 shows en seulement 10 villes, cette phase aient achevée le 14 septembre au Riverfront Coliseum de Cincinnati.

La tournée

Pour la seule fois dans sa carrière, Springsteen a ouvert quelques concerts avec sa griffe : « Born to Run ». Au tout premier concert d'Ann Arbor, il est célèbre qu’il fut frappé de mutisme et oublia les paroles ; le public l'a aidé à reprendre ses esprits en les chantant. Au cours des rappels, le héros local Bob Seger est apparu en duo avec Springsteen sur « Thunder Road ».

Les performances de Springsteen au cours de cette tournée étaient semblables en nature à celles des précédentes, mais plus longues. Trente-chansons ont été souvent enchainées et les shows ont atteint jusqu'à quatre heures. C’est au cours de ce tour que la réputation de Springsteen pour des concerts marathon s’est vraiment installée.

L’intensité émotionnelle des concerts était appréciée différemment par ceux qui y avaient assisté, pour certains faisant écho d’avoir participé à une fête, d'autres rapportant qu’après un enchainement de chansons mélancoliques ils se sont sentis sur le point de s’ouvrir les veines. The River avait assurément matière à illustrer les deux points de vue — à ce propos Springsteen avait reconnu que la « vie a ses paradoxes, beaucoup, et vous devez vivre avec » — et que la tournée respectait en quelque sorte cela. Une différence principale était maintenant que là où avant Springsteen s’était appuyé sur d’anciens morceaux R&B et pop des années 60 pour la partie plus légère et enlevée de ses concerts, il les avait maintenant écrits lui-même : « Out in the Streets » et « I’m a Rocker » et « You can Look (But You Better Not Touch) » et d'autres titres de The River assureraient ce rôle dans cette tournée et dans celles des années pour venir.

Deux traditions dans les concerts de Springsteen ont commencé pendant la tournée. Près de la fin du fraternel et déjanté « Sherry Darling », Springsteen prenait une jeune fille hors des premiers rangs et dansait avec elle sur scène ; cette pratique deviendrait célèbre lorsqu’il l'a ferait dans le Born in the USA tour suivant pendant « Dancing in the Dark ». Egalement lorsque jouant son nouveau (et premier) hit entré au Top 10 « Hungry Heart », Springsteen laissait le public chanter le premier vers et le refrain, un rituel qui serait aussi institué lors des tournées suivantes.

A l’époque, deux concerts furent marquants pour leur rapport avec des évènements historiques. Celui du 5 novembre 1980 à l'université de l'Etat de l'Arizona le jour suivant l’écrasante victoire électorale de Ronald Reagan à l'élection présidentielle des Etats-Unis. Dans une rare initiative de circonstance, Springsteen prononcé, « je ne sais pas ce que vous pensez au sujet de ce que s'est produit la nuit dernière, mais pour ma part j’ai pensé que c’était effroyable, » après quoi lui et son orchestre se sont lancés dans « Badlands ». Cette version de la chanson, mais sans la remarque précédente, est incluse dans le coffret Live/1975-85. Environ un mois plus tard, le 9 décembre, Springsteen réitéra lors d’un concert au Spectrum à Philadelphie le jour après que John Lennon ait été assassiné, en dépit des objections de Steven Van Zandt, son guitariste « C'est un monde difficile qui exige de vous de vivre avec bien des choses qui sont pas vivables, » Il annonça avant de débuter le show « Et c’est dur d’être présent ici ce soir et de jouer, mais il n’y a rien d’autre à faire » Et il entama avec un « Born to Run » particulièrement endiablé et termina avec une interprétation de « Twist and Shout » des Beatles.

Le concert le plus célèbre de la tournée est probablement celui du réveillon du jour de l’an 1980 au Coliseum de Nassau à Long Island, New York. Avec une liste de 38 solides chansons, c’est l'un des plus longs concerts de Springsteen de tous les temps et également souvent considérés comme l’un des meilleurs.

Le premier show européen à Hambourg, en Allemagne commença fraichement, mais avec le temps, les barrières culturelles et linguistiques furent brisées et la partie Européenne de la tournée fut considérée comme un grand succès décidant Springsteen à poursuivre. Elle se conclut avec deux shows épiques à Birmingham au England’s NEC Arena.

D'ailleurs, son passage dans ces pays étrangers a révélé à Springsteen le monde en dehors de l’Amérique, y compris parler à des gens qui considéraient les Américains comme le flambeau des intérêts personnels et de l’avarice, cela lui donné des conceptions alternatives des sociétés et des difficultés. Il a commencé à lire des livres sur l'histoire américaine, approfondissant sa conscience politique jusqu'ici superficielle.

Au cours de la dernière partie de la tournée qui était revenue aux USA, il fit un concert de soutien pour les Vétérans américains du Vietnam à Los Angeles (qui a permis de lever $100.000) et chantait souvent « This Land is Your Land » de Woody Guthrie présageant son plus fort engagement politique plus tard dans les années 80. Ses histoires et récits sur scène devinrent plus longs et plus émouvants, et il commença à demander le silence avant certaines de ses chansons plus sérieuses. Il ajouta l’austère « Johnny Bye Bye » sur la mort d’Elvis et l’obscure création de Jimmy Cliff « Trapped » à son répertoire.

Les shows de juillet 1981 au Meadowlands, bien que loué d’avoir ouvert le lieu (première du New Jersey), ont été troublés par leur proximité avec la commémoration du 4 juillet et des pétards ont été allumés dans la foule pendant chaque show de cette halte. Springsteen a détesté cela (et une fois avait été touché au visage par l’un d’eux), et de colère a dénoncé les fans qui en étaient responsables.

Critique et succès commercial

A l’époque il était très difficile d'obtenir des billets pour la plupart des concerts de Springsteen. Ainsi que le biographe Dave Marsh l’écrivit : « les billets de concert de Springsteen se sont vendus d’une manière disproportionnée avec sa popularité dans les magasins de disques ou bien dans le top 40 de la radio. Il pourrait vendre 20 000 sièges dans un palais des sports plus rapidement et plus souvent que des artistes qui ont vendu quatre ou cinq fois plus de disques… il a été acclamé comme le plus grand interprète rock. » Aussi, la vente de billets au marché noir était un problème permanent, du même ordre que la fraude de vente de loterie par correspondance.

Le critique Robert Hilburn a écrit que l'album et « la longue tournée américaine qui a immédiatement suivi sa sortie ont rendu Springsteen non simplement essentiel mais également le favori populaire des fans de rock & roll dans tous le pays. Il n'était plus vu comme un simple phénomène important de la côte est. » Le compositeur Robert Santelli écrivit que, « désireux de plaire aux anciens fans et d’en rallier de nouveaux, Springsteen et son groupe repoussaient les limites presque avec des concerts qui allèrent jusqu’à trois — et même parfois quatre heures. Ces performances marathon étaient épuisantes pour le groupe et même pour le public. Le volume de chansons jouées, la gamme des émotions explorées, et les histoires racontées entre deux chansons par Springsteen… ont porté les shows loin au delà du concert de rock habituel. Chaque soir se transformait en démonstration de haute volée de comment et pourquoi Bruce Springsteen sa bande du E Street Band était devenu la meilleure manifestation sur la planète rock. »

Néanmoins, Springsteen en était toujours « au culte de masse » au plan de la popularité, avec peu de connaissance à son propos de la part des publics de musiques populaires; cela devrait attendre 1984 et Born in the USA.

Ce qu’il en reste

De toutes les tournées de Springsteen, celle de The River est peut être rétrospectivement la moins connue des gens qui n’y étaient pas. À la différence de celles d’avant et de celles qui ont suivi, il y en a peu de documents audio ou vidéo officiels — aucune retransmission live à la radio, pas d’album live, pas de vidéo de concert tirée de rushs de concert, aucun DVD sorti. Le coffret Live/1975-85 contient treize titres sélectionnés dans la tournée, mais ils ne forment pas un ensemble thématique cohérent. Des concerts de la tournée sortirent bien sur en bootleg mais autrement le reste est pour la plupart perdu à jamais.

L'excursion souffre également de la comparaison à la légendaire tournée de 1978 avant elle et du monumental Born in the USA tour après elle. Peut-être son plus grand héritage est l'introduction réussie de la musique de Springsteen et de ses capacités d’interprète en Europe de l'Ouest. Pendant deux décennies plus tard, la plupart de l'Europe revendiquerait la plus grande et la plus bruyante quantité de fans de Springsteen que n'importe où en Amérique.

 
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