The Chicken Scratch Tour

(35 concerts)
 

Circuit

Born to Run était pour Bruce Springsteen le dernier, meilleur espoir de faire fortune et d’accéder à la renommée. C’est pourquoi le processus d'enregistrement devint tourmenté, et pour joindre les deux bouts Springsteen et le E Street Band tournèrent constamment pendant la première partie des sessions d’enregistrement, exécutant les nouvelles chansons de Springsteen à mesure qu’il les écrivait. Avant, pendant, immédiatement après la sortie commerciale de l'album, il tourna encore, parfois en lutte contre son image devenue alors fortement médiatisée. Le succès financier fut de courte durée cependant, car il plongea bientôt dans des batailles juridiques contre son ancien manager ce qui l’empêcha de poursuivre les d'enregistrement. De nouveau il tourna pour exister, longtemps après la période habituelle de promotion pour la sortie de l’album ne soit terminée; c’est seulement une fois ses problèmes juridiques réglés qu’il s'arrêta. De 1974 à 1977, ces phases constituent collectivement les tournées Born to Run.

La tournée

Prologue

Pendant 1974, comme au cours des années précédentes, Springsteen tourna presque sans arrêt. Il avait écrit la chanson « Born to Run » au début de l'année, et l’on sait qu’il l'avait jouée en concert vers mai voire plus tôt. « She’s the One » et « Jungleland » deux futurs morceaux de l’album commençaient à apparaître dans les titres joués sur scène. Mais plusieurs événements se concrétisèrent vers la fin de l'été de 1974. Springsteen joua pour la toute dernière fois en tant que première partie de concert le 3 août ; ensuite, il sera toujours la vedette. Le 14 août, il joua son dernier show avec David Sancious et Ernest « Boom » Carter dans le groupe.

La tournée des nouveaux membres du groupe

Il y a eu-plus d’un mois de coupure, puis le 19 septembre il joua ses première représentations au Main Point à Bryn Mawr, Pennsylvanie, avec Max Weinberg et Roy Bittan dans le groupe ; ce furent également les premiers concerts où le groupe fut explicitement affiché comme le E Street Band. Ce fut clairement une sorte de nouveau commencement, et peut être considéré comme le premier des Born to Run tours.

La violoniste Suki Lahav, très bon sur scène, rejoignit le groupe le 4 octobre. Des shows furent joués un peu partout sur la côte pour faciliter l’intégration des sonorités des nouveaux membres dans le groupe et également pour fournir quelques revenus tandis que les sessions d’ enregistrement traînaient en longueur — les finances étaient toujours serrées et le manageur Mike Appel devait souvent emprunter de l'argent juste pour payer l'équipe sur la route. Une version avancée avec un mixage légèrement différent de « Born to Run » fut confiée à certaines stations radio de rock progressif qui le diffusèrent tout au long de novembre ; cela impressionna immédiatement et stimula l’intérêt pour les deux premiers albums de Springsteen ainsi que pour ses concerts. Le 2 février 1975, une autre représentation au Main Point fut diffusé dans son intégralité par WMMR de Philadelphie; « Thunder Road » fit sa première apparition , dans une version inachevée, et le show (exceptionnellement long pour l’époque) de deux heures quarante minutes est considéré comme le meilleur de la carrière de Springsteen. Rapidement il sortit en bootleg sous de nombreuses versions, commençant ainsi un modèle qui se prolongerait tout au long de la carrière de Springsteen.

Cette tournée toucha à sa fin le 9 mars 1975 après que deux soirées au Constitution Hall de Washington, DC. On pense que Steven Van Zandt est apparu dans les deux shows, mais de toute façon ce fut les dernières représentations de Suki Lahav, qui partit rapidement ensuite pour Israël.

Born to Run tour

La tournée Born to Run proprement dite commença au Palace Theater à Providence, Rhode Island, plus d’un mois avant la sortie de l'album, le 20 juillet 1975. Van Zandt était devenu un membre à part entière du groupe. « Tenth Avenue Freeze-out » fit sa première apparition, mais les shows étaient encore dominés par du matériel plus ancien. Jouant la plupart du temps dans le nord-est, début août « Backstreets » était apparu. A l’époque, compositeur prolifique de chansons, d'autres titres originaux de Springsteen apparaîtraient, joués pour quelques temps, disparaîtraient et ne figureraient jamais sur un album.

Le début le 13 août était une série clé de 5 nuits, 10 concerts au Bottom Line club de New York. Colombia records avait placardé des affiches de Springsteen autour de la ville, le public était du lourd avec des types de la presse et de l’'industrie de la musique, et le concert du 15 août fut retransmis en direct sur l’influente WNEW-FM. Les shows ont été considérés comme un succès et ont préparé le terrain pour la grande émergence de Springsteen ; bien des années après, Rolling Stones magazine qualifierait cette session comme l'un des 50 moments qui ont changé le rock & roll. Une série semblable de 4 soirées 6 concerts, très travaillée, fut organisée et commença le 16 octobre au Roxy de Los Angeles, en présence de Jack Nicholson, Warren Beatty, Cher, Ryan O'Neal, et Carole King, ainsi que d’autres pontes de l’industrie du spectacles que de divers cadres de l'industrie du divertissement. Le 27 octobre l’effet médiatique était à son apogée et Springsteen était en couverture de Times et de Newsweek.

Cette tournée s’acheva par un concert au Tower Theater de Philadelphie lors du réveillon du premier de l’an 1975.

La tournée européenne

Cependant, le mois précédent, Springsteen avait fait sa première brève incursion en Europe de l'ouest, en jouant au Hammersmith Odeon de Londres le 18 novembre 1975. Cela ne sa passa pas très bien, car Springsteen eu un coup de sang lorsqu’il vit que Colombia Records avait organisé sur lui un grand battage publicitaire dans tout Londres. Le show fut filmé ce soir là et Springsteen d’évidence s’ennuyait et il a continua sa crise avec un bonnet de laine trop-grand sur la tête. Deux concerts uniques en Suède et en Hollande ont suivi, parachevés par un retour au Hammersmith le 24 novembre. Echaudé, Springsteen ne reviendrait pas en Europe avant six années. Ironiquement, dans les années 90 et le 2000 l'Europe deviendrait sa base de fans la plus forte et la plus fidèle.

Chicken Scratch Tour

Cette tournée au nom haut en couleur (littéralement « la tournée du grattement de poulet ») a commencé le 26 mars 1976 ; la chronologie officielle 1984 de Springsteen dira à propos de cette date, « l’histoire du Chichen Scratch tour commence, en emmenant Springsteen et les E Streeters sur un itinéraire extrêmement quadrillé à travers le sud, le Midwest, et les états du nord-est. » En fait le nom a été donné par l'équipe de la tournée, car plusieurs des représentations avaient lieu (si c’est vrai) dans le sud dans des endroits de seconde zone (comme par exemple à l’East Tennessee State University à Johnson, Tennessee).

Après le concert du 29 avril Ellis Auditorium de Memphis, Springsteen décida d'attraper un taxi pour Graceland. En arrivant il avait remarqué de la lumière dans la maison et il se mit en devoir de sauter par-dessus le portail et de s’aventurer jusqu’à la porte d’entrée. La sécurité intervint, Springsteen leur demanda si Elvis Presley était chez lui, mais le King était en fait à Lac Tahoe. Les gardes qui n’avaient aucune idée de qui était ce visiteur, même après que Springsteen ait essayé de le leur expliquer et de leur déclarer qu'il faisait la couverture du Times et de Newsweek, le reconduirent poliment à la rue. Quelques années après Springsteen relaterait l'histoire lors de concerts et évoquerait ce qu'il aurait dit à Elvis s’il lui avait répondu à la porte.

Puis, à propos de la fin de la tournée le 28 mai 1976, la chronologie officielle indique : « Le Chicken Scratch tour tire sa révérence sur une conclusion implacable avec un show au U.S. Naval Academy à Annapolis, Maryland, qui comporte une version exaltante de « Sea Cruise» de Frankie Ford. »

Intermède

Ceci aurait probablement été le moment de mettre fin à cette tournée jusqu'à ce qu'un nouvel album ne sorte. Mais en 1976 les rapports entre Springsteen et son désormais ancien manager et producteur, Mike Appel, s’étaient détériorés, et en juillet Appel avait menacé Springsteen d’une action en justice contre lui, Springsteen intenta un procès contre Appel, et Appel contre-attaqua.

En attendant, courant août, Springsteen et son groupe jouèrent quelques shows localement, la plupart du temps à Red Bank, New Jersey avec les Miami Horns empruntés à Southside Johnny and the Asbury Jukes. De nouvelles chansons « Rendez-Vous » et « Something in the Night » furent présentées ; la première deviendrait un hit de Greg Kihn quelques années après, alors que la dernière, sans les cuivres, apparaîtrait sur l’album suivant de Springsteen, dont il était sur le point de commencer l’enregistrement…

Sauf que le 15 septembre, le juge, dans le cadre du procès, décréta que Springsteen était dans l’obligation d’enregistrer chez Columbia Records jusqu'à ce que le procès d'Appel soit jugé.

La tournée américaine - "The Lawsuit Tour"

Ainsi Springsteen devait à nouveau prendre la route pour subvenir à ses besoins (dans la mesure où les recettes de Born to Run étaient également bloquées à cause de différents comptables).

Ce que la chronologie de Springsteen appelle la tournée américaine s’est déroulée du 26 septembre au 4 novembre 1976, commença au Veterans Memorial Coliseum de Phoenix Arizona et termina avec une halte de six-nuits au Palladium à New York. Cette tournée était également organisée avec une section cuivre, également affichée comme étant les Miami Horns, mais différente du groupe précédent et sans rapport avec les Asbury Jukes. En chemin Springsteen joua ses premier concerts en tant que vedette dans un stade couvert, le Spectrum à Philadelphie, mais il utilisa des rideaux pour diviser le lieu.

La tournée des procès sans fin - "The Lawsuit Tour" suite...

Les affaires devant les tribunaux continuaient, avec des batailles procédurières, et Springsteen ne pouvait toujours pas entrer en studio. Aussi à nouveau, il repartit pour un groupe de concerts que la chronologie officielle n'essaye même pas de nommer. Celle-ci a commencé le 7 février 1977 au Palace Theater d’Albany, New York, et s’est poursuivie avec 33 représentations aux États-Unis et au Canada.

Springsteen n’avait plus le cœur à chanter, et pour la première fois de sa vie, avant un concert, le 15 février à Detroit, il ne voulut pas monter sur scène. « À ce moment, je pouvais comprendre comment les gens tombent dans l’alcool ou dans la drogue, parce que la seule chose que vous voulez alors c’est de la distraction,-de manière forte, » confia-t’il plus tard à l'auteur Robert Hilburn. Néanmoins, il rebondit, et cette tranche s’acheva le 25 mars 1977 au Boston Music Hall.

Epilogue

Pendant ce temps, les procès s'étaient orientés vers un accord, et le jugement final eu lieu le 28 mai 1977. Springsteen entrait en studio trois jours plus tard pour commencer les sessions d'enregistrement de Darkness at the Edge of the Town. Les tournées Born to Run étaient définitivement terminées.

Les concerts

C’est au cours de ces tournées successives que l’image de Springsteen en concert se forma. Il avait cessé de porter des lunettes de soleil sur scène et était maintenant plus accessible. Son look pantalon ample, T-shirt, veste en cuir et la coiffure mouillée était maintenant dépassé et remplacé par deux sujets clinquants au premier plan que formaient Clarence Clemons le saxophoniste et Steven Van Zandt son guitariste habillés avec style dans leur costumes brillant s et coiffés de chapeaux différents.
Musicalement, le son du E Street Band était à son niveau le plus abouti, avec deux claviers et un saxophone rehaussant deux guitares et la basse et batterie habituelles. Springsteen ne se limita pas à simplement jouer les chansons tel qu’elles l’étaient sur son album – Elles furent souvent réarrangées où allongées avec de récits parlés espiègles, poignants où furieux. D’ anciens morceaux du début ou milieu des années 60 ont été souvent adjoints en complément du propre matériel de Springsteen; « It’s my life » des Animals en est un exemple, ralenti pour essayer d’augmenter le sentiment de tension et précédé par ce qui deviendrait un moment incontournable des concert de Springsteen, la longue histoire amère au sujet du fait que lui et son père ne partageaient pas du tout le même point de vue sur la tournure que prenait la vie adolescente de Springsteen .
Les concerts de Springsteen étaient également frénétiques, lui sautant dans la foule et chantant sur des tables quand ils avaient lieu dans les clubs.
Le contenu de Born to Run prit de l’importance à mesure que la tournée avançait, mais même les morceaux les plus récents pouvaient être rapidement remaniés. Particulièrement la version enlevée et rapide de « Thunder Road » sur l’album fut transformé en un étonnamment tranquille et suppliant morceau d’ouverture, avec Springsteen chantant toujours debout au micro, la guitare rejetée en arrière, avec seulement le piano de Roy Bittan et le glockenspiel électronique de Danny Federici pour accompagnement. (Jon Landau le producteur indiqua plus tard que cette forme dépouillée était en partie due au fait que le groupe avait des difficultés à jouer l’arrangement de l’album) « Backstreets » a été rehaussé avec une ligne de guitare bien plus présente que sur le disque, alors que « Night », l’une des plages les plus faibles de l'album, devint également un titre d’ouverture pendant un temps.
Au cours des dernières tournées Springsteen devint miné par sa situation juridique, les shows devenaient sa seule sortie. Des sections cuivre furent ajoutées, des chansons réarrangées, de plus anciennes retirées. Les concerts atteignaient parfois les trois ou quatre heures. Des éléments nouveaux comme le profond « The Promise » sortiraient de nulle part pour disparaître ensuite.

Critique et succès commercial

Les shows de haute volée d'août 1975 au Bottom Line provoquèrent l’engouement des critiques musicaux. Rolling Stones déclara qu'une étoile avait été née et que « Springsteen est tout ce qui a été affirmé sur lui » tandis que le E Street Band « pourrait très bien être le plus grand des groupes rock américains ». Le New York Times dit que les shows « se rangeront parmi les grands moments du de rock pour ceux assez chanceux qui ont pu y assister ». Alan Pepper le copropriétaire du Bottom Line déclara que Springsteen « a porté l’endroit à un degré de fièvre toujours plus fort et sans relâche, et que le groupe est resté avec lui dans toutes les situations. C’était absolument incroyable, et je veux dire que de toutes mes années dans le milieu de la musique, je n'ai jamais rien vu comme ces concerts. »

La réaction était semblable dans d'autres endroits ; L'auteur Robert Hilburn du Los Angeles Times plus tard a déclaré que « les shows du Born to Run tour ont été acclamés ville après ville parmi le plus remarquables du rock. »

Emissions et des enregistrements

En plus des shows du Main Point et du Bottom Line déjà mentionnées, celui du 17 octobre 1975 au de Los Angeles fut diffusé en direct sur KWST. Springsteen fit également quelques visites à des stations pendant les tournées dans lesquelles des interviews furent réalisées et des morceaux joués.

Le coffret Live/1975-85 sorti en 1986 contient juste un morceau sélectionné parmi toutes les tournées Born to Run, « Thunder Road » en « solo de piano » (et glockenspiel électronique) pris dans la soirée qui suivit celle du Roxy. (Le manque de présence de ces tournées dans le coffret est l’une des raisons de la désaffection des fans pour cet album. Le management de Springsteen argumenta en expliquant que les enregistrements disponibles n’avaient pas un son assez bon).

En 2005, en tant qu’élément de la réédition de Born to Run 30th Anniversary Edition, un film d’un concert intégral a été monté à partir du célèbre concert du 18 novembre 1975 au Hammersmith Odeon à Londres et inclus comme DVD. Celui-ci est également sorti plus tard en CD sous le nom de Hammersmith Odeon Londres '75.

 
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