Le Palais Omnisports de Paris-Bercy, archi-comble, a fêté Noël avec une semaine d’avance lundi soir. Pas de reddition («No Surrender», l’un de ses célèbres morceaux). À 58 ans, Bruce Springsteen n’a rien renié et reste taillé pour le rock’n’roll primal qui berça toute son enfance, grâce aux ondes de la radio allumée du matin au soir dans la maison familiale du New Jersey. C’est d’ailleurs par le titre hommage «Radio Nowhere» («Radio Nulle Part») qu’il a ouvert son show, après qu’une clameur à tout rompre a répondu à son exhortation : «Y-a-t-il quelqu’un de vivant par ici ?». «Idéaux et traditions corrompus » C’était parti pour 2h30 de communion avec un public chantant à tue-tête d’un bout à l’autre du Palais Omnisports. Ce lien entre Springsteen et ses fans ne laisse d’étonner. À peine une cavalcade terminée qu’un silence religieux vient accueillir des morceaux plus graves. «En Amérique, on voit le mensonge devenir réalité et la réalité devenir mensonge», a expliqué le Boss dans un français hésitant avant que sa voix n’entonne, grave et majestueuse, «Magic», pamphlet contre l’illusionniste Georges W.Bush, dont Springsteen expliquait-il y a peu combien il avait «saboté son pays et corrompu ses idéaux et ses traditions». Distribution de bonnets de Père Noël
Pour se garder des «tours de magie» de l’administration américaine actuelle, Springsteen a proposé de le suivre vers la terre promise, derrière les «Badlands» («mauvaises terres»), à travers la nuit qui appartient aux amoureux (magnifique «Because the Night»). Le Boss n’avait plus joué ses morceaux fétiches au public français depuis mai2003 et son passage éclair au Stade de France. Les fans aux anges n’en revenaient pas de le retrouver, croisant la guitare avec son frère de sang Steve Van Zandt ou son saxophoniste Clarence «Big Man» Clemons, fers de lance du E Street Band. |